Michael RINN  

est professeur en sciences du langage à l'Université de Bretagne Occidentale. 

Agrégé en lettres, docteur en linguistique, il mène des recherches sur les discours

 de l'extrême.

http://www.site.sociocritique-crist.org/p/rinn-michael.html

 

 CONFERENCE  20 mai à DURAS

"Le moi et le rien. La poétique de la véhémence de Robert Antelme"

 

Notre contribution partira d’un monologue de l’Espèce humaine : « Quand il n’y a rien, il n’y a donc vraiment rien ? Il est possible qu’il n’y ait rien. Oui, c’est cela que veut dire : il n’y a rien » (1991, p. 144). Le moi du narrateur, subissant la privation de nourriture dans un camp nazi, est contraint de tirer le constat de son état de déréliction. Cette conscience du moi confrontée à l’abandon des objets du monde, dont son propre corps, marque de façon emblématique L’Espèce humaine en tant qu’écriture littéraire des camps. Elle en constitue la substance poétique de la véhémence. Nous voudrons savoir comment cette dernière se constitue :

 

1. Comment trouver les mots justes pour dire la réalité extrême des camps nazis ?

2. Comment raconter et comment comprendre l’anéantissement du moi ?

3. Comment appréhender le discours du témoin comme un objet artistique ?

 

Cette réflexion nous permettra de montrer comment la poétique de la véhémence d’Antelme conduit à une imprégnation affective du discours par les figures rhétoriques des émotions. C’est donc à travers une réception sous emprise que prend sens la représentation littéraire de l’anéantissement du moi dans les camps nazis.

 

Michael Rinn,  L I V R E S

 

Témoignages sous influence. La vérité du sensible, Laval, PUL, 2015.

 

Anny Dayan Rosenman et Fransiska Louwagie, Un ciel de sang et de cendres. Riotr Rwaicz et la solitude du témoin, Paris, Kimé, 2013.

 

Michael Rinn, Emotions et discours. L'usage des passions dans la langue, Rennes, PUR, 2008.